Source : CryptoNewsNet
Titre original : L’Asie construit discrètement un contrepoids à l’empire des stablecoins en dollars, et l’Occident n’est pas prêt
Lien original :
Le récit mondial sur les stablecoins est sur le point de changer rapidement. Ce qui a commencé comme une expérience dominée par les États-Unis en matière de liquidité numérique se transforme en une lutte multipolaire pour contrôler les rails du système monétaire de demain. Et les mouvements les plus importants se déroulent en Asie — discrètement, délibérément, et à une vitesse croissante.
Depuis une décennie, les tokens adossés au dollar (tels que USDT et USDC) ont dominé le marché. Mais 2025 marque le début d’un affaiblissement de leur règne. Dans l’ombre à Séoul, Tokyo, Hong Kong, Singapour et Jakarta, un plan différent est en train de se construire : stablecoins indexés sur les monnaies locales, émis dans le cadre de régulations strictes, conçus pour le commerce régional, les transferts, le gaming, et finalement, la souveraineté financière.
Si l’Occident reste fixé sur le prochain projet de loi américain sur les stablecoins, l’Asie s’efforce de bâtir son propre empire de stablecoins.
Pourquoi 2025 est le tournant
Parce que les changements sont concrets, réglementaires et structurels — pas spéculatifs.
À Hong Kong, l’Autorité Monétaire de Hong Kong (HKMA) a adopté en mai 2025 une ordonnance historique sur les stablecoins. Depuis le 1er août, toute entité émettant des stablecoins référencés en fiat ou commercialisant un stablecoin indexé sur le HKD doit détenir une licence de la HKMA, respecter les réglementations sur les réserves et le rachat, et faire l’objet d’un contrôle AML/audit. La course à la licence a commencé sérieusement. Des dizaines d’entreprises — fintechs, banques, sociétés Web3 — prépareraient des demandes, toutes en compétition pour devenir les premiers émetteurs agréés. Mais le véritable point d’inflexion n’est pas seulement réglementaire. Il est stratégique.
Les entreprises mondiales réalisent enfin qu’elles ne peuvent pas bâtir une activité mondiale uniquement sur des rails en USD sans aliener des marchés majeurs.
Les bourses, applications de paiement, sociétés de gaming Web3, et fintechs opérant en Asie ont commencé à comprendre le risque :
Une offre uniquement en USD signale un décalage avec les régulateurs locaux.
Elle limite l’adoption par les utilisateurs dans des marchés où les monnaies locales dominent le commerce de proximité.
Elle crée une dépendance aux goulots d’étranglement réglementaires et bancaires américains.
Elle limite la participation aux écosystèmes de paiement numérique en pleine émergence en Asie.
L’Asie ne rejette pas le dollar purement et simplement. Elle construit des alternatives — discrètement et avec une coordination croissante.
Ce que l’Asie construit à la place
Hong Kong n’est que le début.
La Corée du Sud est maintenant en phase avancée de développement d’un cadre juridique pour les stablecoins adossés au won, avec des régulateurs préparant une législation pour fin 2025, et des débats intensifiés sur la distinction entre stablecoins émis par des banques et ceux émis par des non-banques, ainsi que leur supervision respective. De grandes institutions financières et entreprises technologiques se positionnent déjà en anticipation de règles formelles.
Le Japon adopte l’innovation en matière de stablecoins tant sur le plan institutionnel que privé : ses plus grandes banques collaborent sur des initiatives de stablecoins pour les règlements d’entreprise, tandis que des tokens privés adossés au yen comme JPYC fonctionnent sous un cadre réglementaire clair et gagnent du terrain.
Singapour continue de soutenir les tokens de paiement numérique et l’infrastructure de stablecoins multi-devises dans un cadre calibré, axé sur la conformité, mettant l’accent sur la gestion des risques et les standards réglementaires.
Ce qui émerge en Asie n’est pas seulement une collection de stablecoins locaux. C’est la formation précoce d’une couche de règlement alternative — une qui réduit la dépendance aux rails bancaires centrés sur les États-Unis, aux réseaux correspondants, et aux points de congestion du dollar. Les corridors de commerce numérique sont la finalité.
C’est là que les récits occidentaux commencent à s’effondrer.
Aux États-Unis, le débat reste bloqué sur la réglementation des stablecoins adossés au dollar à l’échelle nationale. En Asie, la question est déjà plus avancée : comment les monnaies numériques doivent-elles circuler entre les juridictions, selon quelles règles, et selon quels termes ?
Ce n’est pas une question crypto.
C’est une question géopolitique.
Pendant ce temps en Europe… Un réveil tardif
La réponse européenne ajoute une autre dimension. En Europe, un consortium de grandes banques, comprenant ING, UniCredit, et BNP Paribas, a créé une société nommée Qivalis. L’émergence de Qivalis (un stablecoin adossé à l’euro, contrôlé par des banques, prévu pour 2026) est présentée comme une réponse à la domination américaine.
Faux.
C’est une réponse à l’accélération asiatique.
L’Europe ne veut pas d’un avenir où les deux principales monnaies numériques non-européennes sont :
stablecoins en USD, et
la nouvelle vague de stablecoins FX réglementés en Asie.
Pour la première fois, l’Europe se retrouve entraînée dans une course aux rails monétaires qu’elle ne pensait pas devoir combattre.
Ces développements montrent que les stablecoins ne sont plus des actifs numériques de niche. Ils s’intègrent dans le futur tissu des systèmes monétaires régulés, souverains ou supra-souverains.
Les stablecoins deviennent proches de l’État
De nouvelles recherches et des systèmes monétaires hybrides — combinant CBDC + stablecoins — indiquent la direction vers laquelle tout cela tend :
Les stablecoins deviennent proches de l’État. Pas anti-état. Pas post-état.
Mais des outils financiers parallèles à l’État.
Et c’est là que les questions deviennent inconfortables :
Que se passe-t-il lorsqu’un stablecoin KRW ou JPY devient plus fiable en Asie du Sud-Est que la fiat locale ?
Que se passe-t-il lorsqu’un stablecoin multi-devises approuvé par Singapour devient l’actif de règlement de facto pour le commerce régional en Asie-Pacifique ?
Que se passe-t-il lorsque les régulateurs occidentaux réalisent qu’ils ont perdu la narration qu’ils pensaient contrôler ?
Que signifie la « domination du dollar » lorsque la liquidité mondiale circule via des rails programmables multi-devises que aucun pays ne contrôle entièrement ?
Que se passe-t-il lorsque les stablecoins en USD deviennent simplement une option — et non la norme ?
Ce ne sont plus des questions hypothétiques.
Ce sont des réalités émergentes, qui se forment au ralenti, pendant que les institutions géopolitiques prétendent que c’est encore du « crypto ».
Le changement est déjà en marche
L’Asie ne court pas après la construction de stablecoins. Elle court après une option stratégique monétaire.
Et l’Occident continue de débattre sur les définitions.
Cette distinction a son importance.
L’avenir des stablecoins ne sera pas déterminé par le protocole le plus bruyant ou le plus grand émetteur, mais par les juridictions qui concevront en premier des rails monétaires crédibles, régulés et interopérables. Dans cette course, l’Asie a déjà plusieurs longueurs d’avance.
Et lorsque le changement deviendra évident, il se peut que les règles de la monnaie numérique aient déjà été réécrites selon une logique que l’Amérique n’a pas dictée.
Cette page peut inclure du contenu de tiers fourni à des fins d'information uniquement. Gate ne garantit ni l'exactitude ni la validité de ces contenus, n’endosse pas les opinions exprimées, et ne fournit aucun conseil financier ou professionnel à travers ces informations. Voir la section Avertissement pour plus de détails.
L'Asie construit discrètement un contrepoids à l'empire des stablecoins en dollars, et l'Occident n'est pas prêt
Source : CryptoNewsNet Titre original : L’Asie construit discrètement un contrepoids à l’empire des stablecoins en dollars, et l’Occident n’est pas prêt Lien original : Le récit mondial sur les stablecoins est sur le point de changer rapidement. Ce qui a commencé comme une expérience dominée par les États-Unis en matière de liquidité numérique se transforme en une lutte multipolaire pour contrôler les rails du système monétaire de demain. Et les mouvements les plus importants se déroulent en Asie — discrètement, délibérément, et à une vitesse croissante.
Depuis une décennie, les tokens adossés au dollar (tels que USDT et USDC) ont dominé le marché. Mais 2025 marque le début d’un affaiblissement de leur règne. Dans l’ombre à Séoul, Tokyo, Hong Kong, Singapour et Jakarta, un plan différent est en train de se construire : stablecoins indexés sur les monnaies locales, émis dans le cadre de régulations strictes, conçus pour le commerce régional, les transferts, le gaming, et finalement, la souveraineté financière.
Si l’Occident reste fixé sur le prochain projet de loi américain sur les stablecoins, l’Asie s’efforce de bâtir son propre empire de stablecoins.
Pourquoi 2025 est le tournant
Parce que les changements sont concrets, réglementaires et structurels — pas spéculatifs.
À Hong Kong, l’Autorité Monétaire de Hong Kong (HKMA) a adopté en mai 2025 une ordonnance historique sur les stablecoins. Depuis le 1er août, toute entité émettant des stablecoins référencés en fiat ou commercialisant un stablecoin indexé sur le HKD doit détenir une licence de la HKMA, respecter les réglementations sur les réserves et le rachat, et faire l’objet d’un contrôle AML/audit. La course à la licence a commencé sérieusement. Des dizaines d’entreprises — fintechs, banques, sociétés Web3 — prépareraient des demandes, toutes en compétition pour devenir les premiers émetteurs agréés. Mais le véritable point d’inflexion n’est pas seulement réglementaire. Il est stratégique.
Les entreprises mondiales réalisent enfin qu’elles ne peuvent pas bâtir une activité mondiale uniquement sur des rails en USD sans aliener des marchés majeurs.
Les bourses, applications de paiement, sociétés de gaming Web3, et fintechs opérant en Asie ont commencé à comprendre le risque :
L’Asie ne rejette pas le dollar purement et simplement. Elle construit des alternatives — discrètement et avec une coordination croissante.
Ce que l’Asie construit à la place
Hong Kong n’est que le début.
La Corée du Sud est maintenant en phase avancée de développement d’un cadre juridique pour les stablecoins adossés au won, avec des régulateurs préparant une législation pour fin 2025, et des débats intensifiés sur la distinction entre stablecoins émis par des banques et ceux émis par des non-banques, ainsi que leur supervision respective. De grandes institutions financières et entreprises technologiques se positionnent déjà en anticipation de règles formelles.
Le Japon adopte l’innovation en matière de stablecoins tant sur le plan institutionnel que privé : ses plus grandes banques collaborent sur des initiatives de stablecoins pour les règlements d’entreprise, tandis que des tokens privés adossés au yen comme JPYC fonctionnent sous un cadre réglementaire clair et gagnent du terrain.
Singapour continue de soutenir les tokens de paiement numérique et l’infrastructure de stablecoins multi-devises dans un cadre calibré, axé sur la conformité, mettant l’accent sur la gestion des risques et les standards réglementaires.
Ce qui émerge en Asie n’est pas seulement une collection de stablecoins locaux. C’est la formation précoce d’une couche de règlement alternative — une qui réduit la dépendance aux rails bancaires centrés sur les États-Unis, aux réseaux correspondants, et aux points de congestion du dollar. Les corridors de commerce numérique sont la finalité.
C’est là que les récits occidentaux commencent à s’effondrer.
Aux États-Unis, le débat reste bloqué sur la réglementation des stablecoins adossés au dollar à l’échelle nationale. En Asie, la question est déjà plus avancée : comment les monnaies numériques doivent-elles circuler entre les juridictions, selon quelles règles, et selon quels termes ?
Ce n’est pas une question crypto.
C’est une question géopolitique.
Pendant ce temps en Europe… Un réveil tardif
La réponse européenne ajoute une autre dimension. En Europe, un consortium de grandes banques, comprenant ING, UniCredit, et BNP Paribas, a créé une société nommée Qivalis. L’émergence de Qivalis (un stablecoin adossé à l’euro, contrôlé par des banques, prévu pour 2026) est présentée comme une réponse à la domination américaine.
Faux.
C’est une réponse à l’accélération asiatique.
L’Europe ne veut pas d’un avenir où les deux principales monnaies numériques non-européennes sont :
Pour la première fois, l’Europe se retrouve entraînée dans une course aux rails monétaires qu’elle ne pensait pas devoir combattre.
Ces développements montrent que les stablecoins ne sont plus des actifs numériques de niche. Ils s’intègrent dans le futur tissu des systèmes monétaires régulés, souverains ou supra-souverains.
Les stablecoins deviennent proches de l’État
De nouvelles recherches et des systèmes monétaires hybrides — combinant CBDC + stablecoins — indiquent la direction vers laquelle tout cela tend :
Les stablecoins deviennent proches de l’État. Pas anti-état. Pas post-état.
Mais des outils financiers parallèles à l’État.
Et c’est là que les questions deviennent inconfortables :
Ce ne sont plus des questions hypothétiques.
Ce sont des réalités émergentes, qui se forment au ralenti, pendant que les institutions géopolitiques prétendent que c’est encore du « crypto ».
Le changement est déjà en marche
L’Asie ne court pas après la construction de stablecoins. Elle court après une option stratégique monétaire.
Et l’Occident continue de débattre sur les définitions.
Cette distinction a son importance.
L’avenir des stablecoins ne sera pas déterminé par le protocole le plus bruyant ou le plus grand émetteur, mais par les juridictions qui concevront en premier des rails monétaires crédibles, régulés et interopérables. Dans cette course, l’Asie a déjà plusieurs longueurs d’avance.
Et lorsque le changement deviendra évident, il se peut que les règles de la monnaie numérique aient déjà été réécrites selon une logique que l’Amérique n’a pas dictée.