2025 Atlas mondial des transactions : 11 transactions clés à l'intersection de la politique et du marché

Rédaction : Bloomberg

Traduction : Saoirse, Foresight News

C’est encore une année pleine de « paris à haute certitude » et de « retournements rapides ».

Du bureau de négociation des obligations à Tokyo, du comité de crédit à New York jusqu’aux traders de devises à Istanbul, le marché a à la fois apporté des gains inattendus et provoqué de fortes volatilités. Le prix de l’or a atteint un record historique, les actions de géants du prêt hypothécaire solide ont connu des fluctuations violentes comme des « actions Meme » (actions poussées par la popularité sur les réseaux sociaux), et une opération d’arbitrage de niveau textbook s’est instantanément effondrée.

Les investisseurs ont massivement parié sur des changements politiques, des bilans gonflés et des narratifs de marché fragiles, entraînant une forte hausse des marchés boursiers, une concentration des transactions de rendement, tandis que les stratégies de cryptomonnaie dépendaient principalement de l’effet de levier et des attentes, manquant d’autres soutiens solides. Après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les marchés financiers mondiaux ont d’abord subi un choc puis se sont redressés ; les actions de défense européennes ont été enflammées ; et les spéculateurs ont lancé une série de frénésies de marché. Certaines positions ont rapporté des gains étonnants, mais lorsque la tendance du marché s’est inversée, que les financements se sont taris ou que l’effet de levier a produit des effets négatifs, d’autres positions ont connu des pertes catastrophiques.

À l’approche de la fin de l’année, Bloomberg se concentre sur les quelques paris les plus remarquables pour 2025 — y compris les succès, les échecs et celles qui ont défini cette époque. Ces transactions ont suscité chez les investisseurs des inquiétudes face à une série de « vieux problèmes » en préparation pour 2026 : des entreprises instables, des valorisations excessives, et ces stratégies de suivi de tendance qui « ont fonctionné un temps, puis ont échoué ».

Cryptomonnaies : la brève fête des actifs liés à Trump

Pour le secteur des cryptomonnaies, « acheter massivement tous les actifs liés à la marque Trump » semblait être un pari de momentum très attractif. Pendant la campagne présidentielle et après son investiture, Trump a « misé tout » dans le domaine des actifs numériques (selon Bloomberg Terminal), en poussant une réforme globale et en plaçant des alliés de l’industrie dans plusieurs institutions clés. Sa famille s’est aussi lancée, en soutenant divers tokens et entreprises de cryptomonnaie, que les traders considèrent comme « carburant politique ».

Ce « réseau d’actifs cryptos liés à Trump » s’est rapidement formé : quelques heures avant la cérémonie d’investiture, Trump a lancé une crypto Meme et l’a promue sur les réseaux sociaux ; Melania Trump a ensuite lancé son propre token personnel ; plus tard dans l’année, World Liberty Financial, lié à la famille Trump, a lancé le trading de son token WLFI, accessible aux investisseurs particuliers. Une série de transactions « autour de Trump » a alors émergé — Eric Trump a cofondé American Bitcoin, une société minière de cryptomonnaies cotée en bourse qui a été introduite en septembre via une acquisition.

Dans un magasin de Hong Kong, une caricature de Donald Trump le représentant tenant un token cryptographique, avec la Maison-Blanche en arrière-plan, en souvenir de son investiture. Photographe : Paul Yang / Bloomberg

Chaque lancement d’actif a provoqué une hausse, mais ces hausses ont été de courte durée. Au 23 décembre, le meme coin Trump affichait une performance décevante, en baisse de plus de 80 % par rapport à son pic de janvier ; selon CoinGecko, le meme coin Melania a chuté de près de 99 % ; le prix d’American Bitcoin a reculé d’environ 80 % par rapport à son sommet de septembre.

La politique a alimenté ces transactions, mais les lois de la spéculation les ont finalement ramenées à la réalité. Même avec des « supporters » à la Maison-Blanche, ces actifs n’échappent pas au cycle central des cryptomonnaies : hausse des prix → afflux de levier → liquidité épuisée. Le Bitcoin, qui sert de baromètre sectoriel, a chuté après son sommet d’octobre, et cette année, il est très probable qu’il affiche une perte annuelle. Pour les actifs liés à Trump, la politique peut générer un engouement à court terme, mais ne peut offrir aucune protection à long terme.

— Olga Kharif (journaliste)

Trading basé sur l’IA : le prochain « grand short » ?

Ce trade a été révélé dans un rapport de divulgation ordinaire, mais son impact ne l’est pas. Le 3 novembre, Scion Asset Management a divulgué qu’il détenait des options de vente protectrices sur Nvidia et Palantir Technologies — deux « actions clés de l’IA » qui ont alimenté la hausse du marché ces trois dernières années. Bien que Scion ne soit pas un fonds spéculatif de grande taille, son gestionnaire Michael Burry a attiré beaucoup d’attention : célèbre pour avoir « prédit la crise des subprimes de 2008 » dans le livre et le film « The Big Short », il est reconnu comme un « prophète » du marché.

Les prix d’exercice de ces options sont choquants : celui de Nvidia est inférieur de 47 % au prix de clôture au moment de la divulgation, celui de Palantir est inférieur de 76 %. Mais le mystère reste entier : en raison des « exigences limitées de divulgation », il est impossible de savoir si ces options de vente (qui donnent le droit de vendre des actions à un prix fixé avant une date donnée) font partie d’un trade plus complexe ; et le document ne reflète que la position de Scion au 30 septembre, sans exclure une réduction ou une liquidation ultérieure par Burry.

Cependant, le doute sur la « surévaluation des géants de l’IA, à forte dépense » s’accumule comme « un tas de bois sec ». La divulgation de Burry est comme une allumette qui met le feu à ce tas.

Les paris baissiers de Burry sur Nvidia et Palantir

Les investisseurs célèbres pour « The Big Short » ont révélé dans leur formulaire 13F des options de vente :

Source : Bloomberg, données standardisées selon le pourcentage de hausse au 31 décembre 2024

Après cette annonce, la capitalisation boursière d’Nvidia, la plus grande du monde, a chuté brutalement, tout comme Palantir, entraînant un léger recul du Nasdaq, mais ces actifs ont ensuite retrouvé leur valeur.

Il est difficile de connaître précisément les gains de Burry, mais il a laissé une indication sur X : il aurait acheté des options de vente Palantir à 1,84 dollar, qui ont augmenté de 101 % en moins de trois semaines. Ce rapport a complètement exposé les doutes sous-jacents à un marché dominé par « quelques actions IA, un afflux massif de fonds passifs, une faible volatilité ». Qu’il s’agisse d’un « coup de génie » ou d’une « précipitation », cela confirme une règle : dès que la confiance vacille, même la narration la plus forte peut s’effondrer rapidement.

— Michael P. Regan (journaliste)

Actions de défense : l’éclatement du « nouvel ordre mondial »

Le changement de la géopolitique a permis à la catégorie des « actions de défense européennes », autrefois considérée comme un « actif toxique » par certains gestionnaires, de connaître une explosion. Trump prévoit de réduire le soutien financier à l’Ukraine, ce qui a incité les gouvernements européens à lancer une « frénésie des dépenses militaires », faisant grimper fortement les actions des entreprises de défense régionales : au 23 décembre, Rheinmetall (Allemagne) a augmenté d’environ 150 % depuis le début de l’année, et Leonardo (Italie) de plus de 90 %.

Auparavant, en raison des principes d’investissement ESG (environnement, social, gouvernance), de nombreux gestionnaires évitaient le secteur de la défense, jugé « trop controversé » ; aujourd’hui, ils changent d’avis, certains redéfinissant même leur périmètre d’investissement.

Hausse significative des actions de défense européennes en 2025

Ce secteur a connu une hausse supérieure à celle observée lors du début du conflit russo-ukrainien :

Source : Bloomberg, Goldman Sachs

« Jusqu’au début de cette année, nous n’avions réintégré les actifs de défense dans nos fonds ESG qu’à ce moment-là, » déclare Pierre-Alexis Dumenil, CIO de Sycomore Asset Management, « le paradigme du marché a changé, et lors d’un tel changement, nous devons assumer nos responsabilités et défendre nos valeurs — c’est pourquoi nous nous concentrons désormais sur les actifs liés aux ‘armes défensives’ ».

Les actions de fabricants de lunettes de protection, de produits chimiques, ou d’une imprimerie, liés à la défense, ont été massivement achetées. Au 23 décembre, l’indice européen des actions de défense de Bloomberg a augmenté de plus de 70 % cette année. La vague s’est aussi propagée au marché du crédit : même les entreprises « indirectement liées » à la défense ont attiré de nombreux prêteurs potentiels ; des banques ont même lancé des « obligations de défense européennes » — s’inspirant des obligations vertes, mais destinées à financer des fabricants d’armes. Ce changement marque la reconversion de la « défense » d’un « passif réputationnel » à un « bien public », et confirme une règle : lorsque la géopolitique change, la vitesse des flux de capitaux dépasse souvent celle des idéologies.

— Isolde MacDonogh (journaliste)

Transaction dépréciative : fait ou fiction ?

Le lourd endettement de grandes économies comme les États-Unis, la France ou le Japon, et le « manque de volonté politique » pour résoudre cette dette, ont poussé certains investisseurs en 2025 à privilégier l’or, les cryptomonnaies et autres « actifs anti-dévaluation », tout en refroidissant leur appétit pour les obligations gouvernementales et le dollar. Cette stratégie a été qualifiée de « transaction de dépréciation » et s’inspire de l’histoire : des souverains comme Néron dans la Rome antique ont tenté de faire face à la pression fiscale en « diluant la valeur de leur monnaie ».

En octobre, cette narration a atteint son apogée : les inquiétudes sur l’avenir fiscal américain, combinées à la « plus longue paralysie gouvernementale de l’histoire », ont incité les investisseurs à rechercher des refuges hors du dollar. Ce mois-là, l’or et le bitcoin ont simultanément atteint des sommets historiques — un moment rare pour ces deux actifs souvent considérés comme « concurrents ».

Record de l’or

La « transaction de dépréciation » a permis aux métaux précieux d’atteindre de nouveaux sommets :

Source : Bloomberg

En tant que « récit », la « dépréciation » a fourni une explication claire à un environnement macroéconomique chaotique ; mais en tant que « stratégie de trading », ses effets réels sont beaucoup plus complexes. Par la suite, la cryptomonnaie a connu un recul général, le prix du bitcoin a fortement chuté ; le dollar s’est stabilisé ; et les obligations américaines n’ont pas implosé, mais pourraient connaître la meilleure année depuis 2020 — ce qui nous rappelle que la crainte d’un « dérapage fiscal » peut coexister avec une demande pour des « actifs de sécurité », surtout en période de ralentissement économique et de taux directeurs au sommet.

Les autres actifs ont connu une tendance divergente : la volatilité des métaux comme le cuivre, l’aluminium ou l’argent, est en partie due à « la crainte de dévaluation monétaire », et en partie à la politique tarifaire de Trump et aux forces macroéconomiques, brouillant la frontière entre « couverture contre l’inflation » et « choc d’offre traditionnel ». Par ailleurs, l’or continue de monter, atteignant de nouveaux records historiques. Dans ce domaine, la « transaction de dépréciation » reste efficace — mais elle ne consiste plus en une négation totale de la monnaie fiduciaire, plutôt en une miseé précise sur « les taux, la politique et la demande de sécurité ».

— Richard Henderson (journaliste)

Bourse sud-coréenne : une explosion « à la K-Pop »

En parlant de retournements de situation et de sensations fortes, la performance de la bourse sud-coréenne cette année pourrait faire passer la série « K-Drama » pour une simple comédie. Sous l’impulsion de la politique du président Lee Jae-myung, visant à « stimuler le marché des capitaux », au 22 décembre, l’indice de référence Kospi a déjà augmenté de plus de 70 % en 2025, se dirigeant vers l’objectif de 5000 points annoncé par Lee, et se plaçant en tête des hausses mondiales.

Il est rare que des dirigeants politiques fixent publiquement un « objectif de niveau de l’indice », et lorsque Lee Jae-myung a lancé le plan « Kospi 5000 points » au début, cela n’a pas suscité beaucoup d’attention. Aujourd’hui, de plus en plus de banques de Wall Street, comme JPMorgan ou Citigroup, pensent que cet objectif pourrait être atteint d’ici 2026 — en partie grâce à la vague mondiale d’IA, la demande pour la « cible d’investissement IA » en Asie ayant fortement augmenté.

Rebond de la bourse sud-coréenne

L’indice Kospi a fortement rebondi :

Source : Bloomberg

Dans cette « vague de reprise mondiale », un « absent » évident est le petit investisseur local. Bien que Lee Jae-myung insiste souvent sur le fait qu’il était lui-même un investisseur individuel avant d’entrer en politique, sa réforme n’a pas encore convaincu les investisseurs domestiques que « la bourse vaut le coup d’être conservée à long terme ». Même avec un afflux massif d’investissements étrangers, les investisseurs locaux continuent de « vendre net » : ils ont investi un montant record de 33 milliards de dollars dans le marché américain, tout en poursuivant des investissements à risque plus élevé comme les cryptomonnaies ou les ETF à effet de levier étrangers.

Ce phénomène a un effet secondaire : la pression sur le won. La fuite des capitaux a affaibli la monnaie locale, rappelant que même si la bourse connaît une « reprise spectaculaire », cela peut masquer des « doutes persistants » chez les investisseurs domestiques.

— Youkyung Lee (journaliste)

Bitcoin face à face : Chanos vs Saylor

Chaque histoire a ses deux faces, et le jeu d’arbitrage entre le sceptique Jim Chanos et le « accumulateur de Bitcoin » Michael Saylor, à travers la société Strategy, ne concerne pas seulement deux personnages très marquants, mais aussi un « référendum » sur le capitalisme à l’ère des cryptomonnaies.

Au début 2025, le prix du Bitcoin a flambé, tout comme la valeur de Strategy, et Chanos y a vu une opportunité : il a estimé que la prime de Strategy par rapport à sa « position en Bitcoin » était trop élevée, et que « cette prime n’était pas soutenable ». Il a donc décidé de « vendre à découvert Strategy et d’acheter du Bitcoin », et a rendu publique cette stratégie en mai (alors que la prime était encore élevée).

Chanos et Saylor ont ensuite engagé un débat public. En juin, Saylor a déclaré dans une interview à Bloomberg TV : « Je pense que Chanos ne comprend pas du tout notre modèle d’affaires » ; tandis que Chanos a répliqué sur X, affirmant que l’explication de Saylor était « une pure absurdité financière ».

En juillet, le prix de Strategy a atteint un record, avec une hausse de 57 % depuis le début de l’année ; mais avec l’augmentation du nombre de « sociétés de portefeuille d’actifs numériques » et la baisse des prix des cryptomonnaies depuis leur sommet, la prime de Strategy par rapport au Bitcoin a commencé à se réduire — et la mise en position de Chanos a commencé à porter ses fruits.

Performance de Strategy en 2025 : moins bon que le Bitcoin

Avec la disparition de la prime de Strategy, la position short de Chanos a été rentable :

Source : Bloomberg, données standardisées selon le pourcentage de hausse au 31 décembre 2024

Depuis qu’il a annoncé publiquement sa « vente à découvert de Strategy », jusqu’à sa déclaration de « liquidation » le 7 novembre, le prix de Strategy a chuté de 42 %. Au-delà du gain ou de la perte, cette affaire illustre aussi le cycle « de prospérité et de déclin répétés » des cryptomonnaies : le bilan s’alourdit par la « confiance » qui s’emballe, et cette confiance dépend de « la hausse des prix » et du « levier financier ». Ce modèle fonctionne tant que la « foi » ne vacille pas — mais dès que la confiance s’effrite, la « prime » n’est plus un avantage, mais devient un problème.

— Monique Mulima (journaliste)

Obligations japonaises : de la « veuve noire » à la « pluie artificielle »

Depuis plusieurs décennies, un pari fait aux investisseurs macroéconomiques est celui de la vente à découvert des obligations japonaises, surnommée la « veuve noire ». La logique est simple : le Japon doit faire face à une énorme dette publique, donc les taux d’intérêt « finiront par augmenter » pour attirer suffisamment d’acheteurs ; les investisseurs empruntent alors des obligations et les vendent, en espérant profiter de la hausse des taux et de la baisse des prix des obligations. Mais, pendant des années, la politique monétaire accommodante de la Banque du Japon a maintenu des coûts d’emprunt faibles, infligeant de lourdes pertes aux « vendeurs à découvert » — jusqu’en 2025, où la situation a finalement changé.

Cette année, la « veuve noire » s’est transformée en « pluie artificielle » : les rendements des obligations d’État japonaises ont explosé, faisant du marché de 7,4 trillions de dollars japonais le « paradis des vendeurs à découvert ». Les facteurs déclencheurs sont multiples : la hausse des taux par la Banque du Japon, le lancement par la Première ministre Sanna Marin du « plus grand plan de dépenses post-pandémie ». Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a dépassé 2 %, atteignant un sommet en plusieurs décennies ; celui à 30 ans a augmenté de plus d’un point de pourcentage, battant un record historique. Au 23 décembre, l’indice Bloomberg des obligations japonaises a chuté de plus de 6 % cette année, devenant le marché obligataire principal le plus mauvais au monde.

Chute du marché obligataire japonais en 2025

L’indice Bloomberg des obligations japonaises est le pire parmi les principaux marchés obligataires mondiaux :

Source : Bloomberg, données standardisées selon le pourcentage de hausse au 31 décembre 2024 et au 6 janvier 2025

Les gestionnaires de fonds comme Schroders, Jupiter Asset Management ou la Royal Bank of Canada BlueBay ont tous évoqué publiquement la possibilité de « vendre à découvert le Japon » sous une certaine forme ; les investisseurs et stratèges estiment que, avec la hausse des taux directeurs, cette opération a encore du potentiel. De plus, la Banque du Japon réduit ses achats d’obligations, ce qui pousse encore plus les rendements à la hausse ; et la dette publique japonaise par rapport au PIB, qui est la plus élevée parmi les pays développés, maintient une forte pression baissière sur le marché obligataire japonais, et cette tendance pourrait perdurer.

— Cormac Mullen (journaliste)

Guerre de crédit : la « stratégie du dur » en retour

Les rendements les plus élevés du crédit en 2025 ne viennent pas d’un pari sur la reprise des entreprises, mais d’une riposte contre d’autres investisseurs du secteur. Ce modèle, appelé « confrontation entre créanciers », a permis à des acteurs comme Pacific Investment Management Company (Pimco) ou King Street Capital Management de réaliser de très bons résultats — en orchestrant une opération précise autour de la société médicale Envision Healthcare, filiale de KKR.

Après la pandémie, Envision, prestataire de services hospitaliers, a rencontré des difficultés et a dû obtenir un prêt auprès de nouveaux investisseurs. Mais pour émettre de nouvelles obligations, il fallait « mettre en gage des actifs déjà hypothéqués » : la majorité des créanciers s’y sont opposés, sauf Pimco, King Street et Partners Group, qui ont « fait volte-face » en soutenant la proposition — permettant ainsi aux « anciens créanciers de libérer des actifs en gage (notamment la participation dans Amsurg, la société de chirurgie ambulatoire de haute valeur) » et de garantir la nouvelle dette.

La vente d’Amsurg à Ascension a rapporté de substantiels gains à ces fonds, notamment à ceux comme Pimco. Photographe : Jeff Adkins

Ces institutions sont ensuite devenues « détenteurs d’obligations garanties par Amsurg », et ont finalement converti ces obligations en parts de la société. En 2025, Amsurg a été vendue pour 4 milliards de dollars à la société médicale Ascension Health. Selon les estimations, ces « traîtres à leurs pairs » ont obtenu environ 90 % de rendement — illustrant le potentiel de profit de la « guerre de crédit ».

Ce cas révèle les règles actuelles du marché du crédit : des clauses contractuelles souples, des créanciers dispersés, et l’absence de « coopération » n’étant pas une nécessité ; « faire le bon jugement » ne suffit pas, il faut surtout « éviter d’être dépassé par ses pairs », ce qui constitue un risque majeur.

— Eliza Ronalds-Hannon (journaliste)

Fannie Mae et Freddie Mac : la revanche des « jumeaux toxiques »

Depuis la crise financière, Fannie Mae et Freddie Mac, géants du prêt hypothécaire, sont sous contrôle du gouvernement américain, et « quand et comment sortir du contrôle » est devenu un enjeu de spéculation. Les « supporters » comme Bill Ackman, qui détiennent des positions longues, espèrent que la « privatisation » rapportera gros, mais comme la situation n’a pas changé, leurs actions restent faibles sur le marché OTC (hors marché).

Le retour de Trump a changé la donne : le marché anticipe que « le nouveau gouvernement poussera à la sortie du contrôle », et les actions de Fannie et Freddie ont été instantanément envahies par une frénésie « meme stock ». En 2025, cette tendance s’est encore renforcée : entre le début de l’année et le sommet de septembre, leurs actions ont bondi de 367 % (avec un pic intraday à 388 %), devenant parmi les gagnants de l’année.

Hausse des actions de Fannie Mae et Freddie Mac en prévision de la privatisation

Les investisseurs croient de plus en plus que ces sociétés vont se libérer du contrôle gouvernemental.

Source : Bloomberg, données normalisées selon le pourcentage de hausse au 31 décembre 2024

En août, l’annonce que le gouvernement envisageait une IPO de ces deux sociétés a porté l’enthousiasme à son comble — la valorisation de l’IPO pourrait dépasser 500 milliards de dollars, avec une vente de 5 à 15 % des actions pour lever environ 30 milliards. Bien que la date précise de l’IPO et sa réalisation restent incertaines, la majorité des investisseurs restent confiants.

En novembre, Ackman a publié une proposition soumise à la Maison-Blanche, suggérant de faire re-entrer Fannie et Freddie à la Bourse de New York, tout en réduisant la participation du Trésor américain dans leurs actions privilégiées, et en exerçant une option gouvernementale pour racheter près de 80 % des actions ordinaires. Même Michael Burry a rejoint cette tendance : début décembre, il a annoncé qu’il était haussier sur ces deux sociétés, et dans un article de 6000 mots, il a déclaré que ces entreprises, qui avaient été sauvées par le gouvernement pour éviter la faillite, « ne sont peut-être plus les ‘jumeaux toxiques’ ».

— Felice Maranz (journaliste)

La débâcle du carry trade turc

Après une année 2024 brillante, le carry trade turc est devenu le « choix du consensus » pour les investisseurs des marchés émergents. À cette époque, le rendement des obligations locales dépassait 40 %, et la banque centrale s’était engagée à maintenir un taux de change dollar stable, ce qui a attiré des traders — empruntant à l’étranger à faible coût, puis achetant des actifs turcs à haut rendement. Cette opération a mobilisé des dizaines de milliards de dollars de fonds, notamment de la Deutsche Bank, de Millennium Partners ou de Gramercy Capital, dont certains employés étaient en Turquie le 19 mars, date où cette opération a complètement éclaté en quelques minutes.

Le déclencheur a été une opération matinale : la police turque a fait une descente dans la résidence du maire de Istanbul, un opposant très populaire, et l’a arrêté. Cet incident a déclenché une vague de protestations, la livre turque a été massivement vendue, et la banque centrale n’a pas pu empêcher la chute du taux de change. Kites Juckx, responsable de la stratégie de change chez Société Générale à Paris, a déclaré à l’époque : « Tout le monde a été pris au dépourvu, personne n’osera revenir sur ce marché à court terme. »

Après l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, des étudiants ont manifesté en brandissant des drapeaux et des slogans. Photographe : Karem Uzer / Bloomberg

Au clôture, la fuite de capitaux estimée dans les actifs libellés en livres turques s’élevait à environ 10 milliards de dollars, et le marché n’a jamais vraiment retrouvé son souffle. Au 23 décembre, la livre turque s’était dépréciée d’environ 17 % face au dollar cette année, devenant l’une des monnaies les plus faibles du monde. Cet événement a aussi lancé un avertissement aux investisseurs : des taux d’intérêt élevés peuvent rapporter aux aventuriers, mais ne peuvent pas prévenir un choc politique soudain.

— Kerim Karakaya (journaliste)

Marché obligataire : l’alerte « cafard »

Le marché du crédit en 2025 n’a pas été secoué par un « krach » spectaculaire, mais par une série de « petites crises » qui ont révélé des vulnérabilités inquiétantes. Des entreprises autrefois considérées comme des « emprunteurs ordinaires » ont connu des difficultés successives, et les prêteurs ont subi de lourdes pertes.

Saks Global n’a payé qu’une seule fois ses intérêts, puis a restructuré une dette de 2,2 milliards de dollars, dont le prix de marché actuel est inférieur à 60 % de la valeur nominale ; New Fortress Energy a vu ses nouvelles obligations échangées en un an, perdre plus de 50 % de leur valeur ; Tricolor et First Brands ont fait faillite en quelques semaines, effaçant des dizaines de milliards de dollars de créances. Dans certains cas, la fraude complexe est à l’origine de la chute ; dans d’autres, les prévisions optimistes des entreprises n’ont pas été tenues. Mais dans tous les cas, les investisseurs doivent faire face à une question : ces entreprises ont-elles des preuves qu’elles peuvent rembourser leurs dettes, et pourquoi ont-ils parié massivement sur elles ?

JPMorgan a été blessé par un « cafard » du crédit, Jamie Dimon avertissant qu’il pourrait y en avoir d’autres. Photographe : Eva Marie Uzcategui / Bloomberg

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